As-tu déjà remarqué qu’une bouteille d’eau au dépanneur coûte 1,97 $ alors que la même bouteille dans un aéroport coûte 5,99 $. Pourtant, la bouteille est exactement la même. Qu’est-ce qui justifie ce changement de prix? La valeur.
C’est le parfait exemple pour illustrer le fait qu’on ne devrait pas échanger du temps contre de l’argent comme on a tendance à le faire. On est tellement habitué à penser en mode salarié·e payé·e à un taux horaire, qu’on oublie (à tort) de prioriser la valeur de notre service au moment de définir nos tarifs de travailleur autonome.
Mais si on ne charge pas à l’heure, on charge combien? Lis ce qui suit, ça va t’éclairer. Si tu préfères un format vidéo, tu peux te rendre sur ma page Instagram où j’ai fait une capsule de quelques minutes sur le sujet.

Combien tu vaux vraiment comme travailleur autonome?
Mon plus gros défi quand je me suis lancée en entrepreneuriat, c’était définitivement de fixer mes tarifs. Je ne voulais pas charger moins cher que tout le monde, parce que je sais que ça enlève de la crédibilité à mon travail et que ça attire les « magasineux », mais je ne voulais pas viser trop haut – après tout je n’avais pas TANT d’expérience que ça!
Je ne te raconte pas le nombre de fois où, comme travailleur autonome, j’ai augmenté mes tarifs, diminué mes prix, augmenté encore, regardé le mur pendant 15 minutes en essayant d’évaluer la valeur d’un article de blogue et demandé conseil à mes mentors sur tel ou tel devis.
Si mettre le doigt sur sa valeur n’est pas toujours aussi facile que de choisir un tarif horaire, c’est la bonne façon d’établir son pricing.
Le prix de la créativité : définir tes tarifs
Ce type de pricing démontre que la valeur d’un service n’est pas égale à sa valeur marchande, mais sur la façon dont le service est présenté et vendu. En français, ça veut dire qu’une publication Instagram qui a une durée de vie de quelques heures n’a pas la même valeur qu’une infolettre qui sera envoyée pendant plusieurs mois voire plusieurs années et qui convertira potentiellement beaucoup plus de prospects (même chose pour une page de site web ou une page de vente).
C’est pourquoi pour un temps de rédaction est à peu près semblable entre deux choses, le tarif peut varier – et de beaucoup!
Regarder le mur pendant 2 heures ne fait pas de meilleurs textes
Il faut vraiment mettre au clair quelque chose : ce n’est pas le temps que tu passes assis·e sur ta chaise qui compte, mais la qualité du travail exécuté et les répercussions positives (autrement dit, la valeur) qu’il aura sur l’entreprise. Une bonne idée peut naître en 2 minutes et avoir plus de valeur qu’un texte rédigé en 6 heures, mais qui est de moindre qualité.
Si tu essaies de charger à l’heure, tu verras qu’à chaque fois que c’est le temps de comptabiliser tes heures, tu vas te demander si c’est fair de charger le temps où tu regardais le mur en attendant d’avoir une idée de génie, le temps où tu es allé aux toilettes, le temps où tu as répondu à un courriel pendant ton brainstorm, etc. Et les fois où tu as été vraiment efficace, tu peux quand même pas juste charger 33 minutes pour la page d’accueil d’un site web, après tout c’est pas de ta faute si tu travailles vite?!
Donc tu vas toujours être en train d’ajuster tes prix, ce qui ne fait absolument aucun sens. Voilà pourquoi un prix fixé à la pièce a beaucoup plus de sens pour toi!
Une fois que tu comprends ça et que tu es capable de le faire comprendre à tes client·es, tu es en bonne voie de pouvoir établir des tarifs justes. Après ça, il ne te reste qu’à ajouter tes frais de bases et c’est parti!
Ajouter des frais de gestion à tes tarifs de travailleur autonome
Une erreur que j’ai faite en commençant et que plusieurs font également, c’est d’oublier de calculer les frais de gestion. Tu sais, tout le temps que tu passes à faire ta comptabilité, à envoyer des devis, à envoyer des courriels, à faire tes suivis et tout le reste. On pense à tort que ce ne sont pas des heures facturables, mais si tu penses comme ça trop longtemps, tu vas manquer d’argent bien vite!
Ce que je recommande, c’est d’ajouter entre 10 % et 15 % sur chaque facture pour couvrir tes frais d’administration. Tu peux choisir le pourcentage avec lequel tu te sens le plus à l’aise (entre 10 et 15, oublies pas) en fonction de la quantité de gestion que tu dois faire et de ce qui est le plus aligné avec ton éthique.
Par exemple, disons que tu as une facture de 814 $ de temps de travail.
814 $ x 1,15 % = 936,10 $. Tu devras donc facturer ce montant à ton client ou à ta cliente.
Ajouter tes dépenses d’entreprise
Mais ça ne s’arrête pas là! Il ne te suffit pas de calculer tes tarifs de travailleur autonome. En plus de ton temps de gestion, tu dois considérer tes dépenses.
Dépendamment des besoins de ton entreprise, elles peuvent être plus ou moins élevées, donc à toi de juger ce qui convient le mieux. Une chose est sûre, tu dois ajouter un montant à tes factures pour les payer.
Tes dépenses d’entreprise peuvent être beaucoup de choses, mais les plus importantes sont celles-ci :
- Déplacements si tu vas voir des client·es physiquement ;
- Abonnements aux plateformes (Trello, Asana, Notion, Antidote,Hootsuite, Hubspot, Mangools, programme de comptabilité, Canva, etc.) ;
- Matériel de travail (ordinateur, bureau, papier & crayons, etc.) ;
- Frais fixes (logement, cellulaire, etc.).
Je te conseille de calculer le total de tes dépenses annuelles et de déterminer quel pourcentage est le plus adéquat à ajouter à tes factures. Pour revenir à notre exemple, ajoute un 10 % pour tes dépenses à ta facture de 936.10 $. Ton nouveau total est de 1029,71 $.
Dans ma vidéo (sur mon Instagram), j’ai parlé de montant fixe et non de pourcentage. C’est aussi une méthode qui peut être utilisée, mais qui est efficace seulement si tu fais des mandats qui sont à peu près équivalents en terme de quantité de contenu. On compare des sites web avec des sites web et des pommes avec des pommes. Tu ne peux pas charger le même montant pour une facture de 100 $ que pour une facture de 2600 $. Encore une fois, vas-y avec ton jugement pour choisir la méthode la plus simple et éthique pour toi.
Calculer l’impact de tes tarifs sur ton portefeuille de travailleur autonome
En ajoutant tous les frais entourant ton activité principale à ton tarif, une facture qui est originellement de 814 $ deviendra en fait 1029,71 $. Ce sont donc 215,71 $ supplémentaires. Et cet argent n’est pas un bonus qui va directement dans tes poches. C’est un montant nécessaire pour payer ton temps et ton matériel, qui sont tout aussi essentiels pour produire du travail de qualité.
Si tu n’appliques pas ces méthodes, tu seras rapidement dans le rouge, à coups de quelques centaines de dollars par mandat. Tu comprends mieux, maintenant?
Choisis ton tarif minimum de travailleur autonome
Une autre chose à laquelle je te conseille de réfléchir : le tarif minimum. Et là attention! Tarif minimum ne veut pas dire salaire minimum comme quand tu étais salarié·e. Ça veut dire le tarif minimum qu’on doit te verser pour que tu investisses ton temps dans un mandat. Pourquoi c’est pertinent? Parce qu’en acceptant une demande de traduction à 10 $, tu perds plus de temps que tu gagnes d’argent. Fais le calcul et tu verras qu’à la fin de la journée, c’est pas payant de fonctionner de cette façon.
À la place, tu peux demander à tes clients d’accumuler un minimum de travail avant de t’envoyer leur mandat.
Certaines personnes sont très à l’aise avec le fait d’accepter des mandats de 50 $ ou 100 $. D’autres personnes ont un tarif minimum pour compenser pour le temps des échanges de courriel et le dérangement de lâcher une tâche et de se mettre dans le bain de la nouvelle. D’autres encore ont un tarif minimum, mais acceptent (dans certains cas seulement!) des jobs en bas de ce tarif pour des clients réguliers ou pour certains types de mandats.
La beauté d’être travailleur autonome et de choisir ses tarifs, c’est que c’est libre à toi de choisir si tu veux un tarif minimum et d’en choisir le montant. L’important, c’est de laisser savoir à tes client·es que tu fonctionnes comme ça avant de charger 150 $ pour une job qui en vaudrait 50 $, capiche?
Et un frais de départ, ça vaut la peine?
Encore une fois, tu es travailleur autonome, donc c’est libre à toi de le faire ou pas, mais si c’est un travail de fond ou de longue haleine – genre la rédaction d’un site web ou le branding complet d’une entreprise – ça vaut vraiment la peine d’en avoir un.
Un frais de départ, c’est le frais que tu charges pour débuter un projet, avant même de te mettre au travail.
À quoi ça sert?
À plusieurs choses, mais en gros, ça sert à ouvrir un dossier dans tes documents, créer un Trello (ou autre plateforme), un onglet dans ton Google Drive, un profil dans tes dossiers (comptabilité et autres). Ça sert aussi à faire une veille concurrentielle, à analyser la situation actuelle de l’entreprise pour savoir à partir de quoi tu dois travailler, à faire l’achat du nom de domaine, etc.
Tu peux choisir ce qui est inclus et ce qui est exclus, mais l’idée c’est que tout ce que tu dois faire en amont d’un mandat soit inclus là-dedans.
En bref : les tarifs de travailleurs autonomes
Ce que tu dois considérer pour fixer tes tarifs comme travailleur autonome (et qu’ils soient justes), c’est :
- La valeur (pas le temps) du service/produit ;
- Tes frais de gestion ;
- Tes dépenses relatives ;
- Ton frais minimum ;
- Ton frais de départ.
Tu as envie de discuter de tarifs? Mes dm’s et mes courriels sont ouverts!
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